Départ de la gare d’Annot (04) où nous laissons le fourgon sur le parking mais pas trop tôt afin de profiter du soleil qui commence à inonder la forêt. On est ici sur la ligne Nice-Digne qu’il est possible de faire en train à vapeur certains dimanches en saison d’ailleurs, il y en a un train (classique) qui débarque quelques randonneurs que nous laissons partir sur le chemin des Grès lorsque nous nous apprêtons.
Un panneau explicatif devant la gare mentionne les deux circuits bleu et rouge qu’on peut enchaîner pour faire une seule boucle ou parcourir individuellement en aller-retour et on verra pourquoi le moment venu.
Le sentier démarre depuis le pont sous les voies ferrées et longe l’arrière de la gare jusqu’à la forêt puis nous sommes vite dans l’ambiance.
Un premier diverticule nous amène vers l’Abris de la Roubine où un amas de blocs forme une grotte ou plutôt un abri sous roche, utilisé dès le troisième siècle avant J-C lors de la venue des Celtes en Provence. Celui-ci, parmi les plus ancien est séparé en deux parties, l’une animale, fermée par une palissade de bois protectrice contre les prédateurs et l’autre humaine avec une entrée commune.
Nous revenons sur le sentier principal puis nous passerons par une roubine de couleur gris-bleu qui lui a valu le nom de marne bleue, mélange intime d’argile et de calcaire donc très friable avec les ruissellements des pluies qui provoquent des ravines. L’instabilité est telle que peu de plantes peuvent s’y installer, laissant ces cicatrices nues sur les pentes raides mais on y trouve les traces d’un plancton fossile, qui est caractéristique d’un milieu marin datant de millions d’années avant l’arrivée des sédiments sableux un million d’années plus tard, à l’origine des grès.
On fera ensuite la boucle des Jardins du Roi qui se termine par le défilé des Garambes, résultat d’une fracturation et d’un effondrement dans la formations des grès d’Annot avec une impressionnante falaise fendue dans laquelle nous nous engageons au détour d’un virage avec une superbe lumière et point d’orgue, un immense rocher, nommé le pont des écureuils, coincé en équilibre au dessus de nos têtes.
On poursuit le cheminement pour arriver cette fois dans la Chambre du Roi, autre amas de rochers et de falaises dans lesquels on se faufile parfois avec difficulté tant le passage est étroit. Le nom vient cette fois d’une légende à l’époque où les Sarrazins écumaient le sud de la Provence et où le seigneur local, Hermérincus, offrit l’asile dans ces rochers et grottes à un souverain et sa cour poursuivi par une horde d’infidèles jusqu’au jour où un traitre dévoila le refuge aux infidèles qui misent à mort le prince et sa cour. Depuis, par les nuits de pleine lune, l’âme du traitre vient, par punition de Dieu, errer dans ces rochers en jetant des sanglots de repentir jusqu’au lever du jour où les corbeaux, seuls à se souvenir de cette histoire, viennent troubler le silence des lieux.
Fin du sentier bleu et début du sentier rouge, non pas que la difficulté augmente mais plutôt que le sentier passe sur une vire au dessus du vide et que cela peut impressionner certains; pour ceux que cela laisse indifférents, il y a possibilité de faire mieux en escalade et nous serons alors sous la surveillance de Lou Gardian qui veille sur la vallée.
On profitera de ce petit replat pour le pique nique et nous reprendrons le chemin pour faire un autre détour vers un belvédère impressionnant avant de trouver une autre grotte aménagée.
On amorce ensuite la descente mais le clou du spectacle est passé et il nous restera un point de vue sur Annot ainsi que la Chapelle Vers la Ville avant de rentrer.
On fera une visite des ruelles du vieux Annot où nous pourrons retrouver d’autres utilisations ancestrales des grès avant de boire un coup bien mérité sur une terrasse ensoleillée.